Enfin ! Grâce à la réactivité et au professionnalisme du service biodiversité de l’ONF, avec un cadre nouvellement arrivé, le secteur de Franchard devrait retrouver une image plus décente pour la vitrine de l’ONF, à l’endroit ou se situe les bureaux de la Réserve de biosphère de l’UNESCO
Origine de l’ailante
L’ailante glanduleux, ou frêne puant vient de Chine et est un destructeur d’espace riche en biodiversité. Il a été d’abord été cultivé en Chine pour l’élevage du ver à soie. Il a été planté en masse aux USA. Puis il a été introduit en France en 1751. Symbole d’une merveille orientaliste, reflet de la puissance européenne, cet arbre était apprécié du temps du BARON HAUSSMANN pour sa vitalité et sa beauté en tant qu’arbre d’alignement le long des boulevards de la Capitale. Ce sans papier, venue d’Asie s’est malheureusement révélé un invasif incroyable. Il règne notamment sur les talus SNCF (on en voit à la gare de Fontainebleau et au dessus (route de la Bonne Dame), les friches industrielles, dans les villages comme à Samois ou le hameau de Busseau à Villiers sous Grez, Thomery.
Il envahit la Réserve Biologique de Franchard
Mais horreur-malheur en lisière et dans les Réserves Biologiques, comme celle du chêne Brûlé à Franchard. Et la situation s’est dégradée car il n’y avait pas, jusqu’à présent de réelles directives à l’ONF pour contrecarrer son invasion barbare. Depuis ce lundi 24 février, de courageux techniciens et ouvriers forestiers s’affairent à déraciner un certain nombre d’ailantes tout autour du secteur Ermitage de Franchard : autour du puits et en direction des bureaux de la réserve de biosphère. Pour cela ils utilisent une sorte de pelleteuse munie d’un godet très spécifique, commandée spécialement pour l’ONF, notamment pour créer les nids de replantation. Il s’agit d’une griffe a quatre grosses dents, appelée scarificateur. Il faut ce type de matériel pour pouvoir soulever les rhizomes de l’ailante qui se multiplient, tels des bambous traçants.
L’arbre peut produire 300 000 graines
Un seul arbre peut déboucher par la suite sur un champs d’ailantes. Pourquoi est il dangereux pour la forêt de Fontainebleau ? Il drageonne beaucoup et il inhibe la croissance des autres végétaux, via un composé chimique. En gros il empoisonne le sol. Adieu donc toute biodiversité. Le problème c’est que le secteur de Franchard est sérieusement envahi. Quelques centaines de mètres plus loin, un gros ailante déborde de la RBI. Voilà quelques semaines il était couvert de fruits, appelés Samares. Un seul arbre peut produire 300 000 graines par an. Je vous laisse imaginer le pouvoir d’invasion de cette Espèce Exotique Envahissante. A ceux qui prétendent et il y en a : qu’il ne faut rien toucher, la nature fera le reste. Ce sont des conversations que j’ai eu avec de nombreux scientifiques, écologiques ou botanistes comme Francis Hallé. Premier problème, avec ses fruits qui ressemblent à ceux de l’érable (petit hélicoptères), il peut aller partout et conquérir des terres pauvres ou pas. Et il drageonne à partir d’une seule souche.
Il faut agir !
En forêt de Fontainebleau, si tout le massif était en réserve biologique intégrale, on pourrait peut-être se permettre de lui fiche la paix. Mais à Fontainebleau, il s’agit encore d’une exploitation forestière sur une grande partie du territoire domaniale. Et c’est à chaque fois le même scénario. Une éclaircie, un cloisonnement, du sol secoué et la graine peut vite germer. Il faut encore repérer l’impétrant et les forestiers ne peuvent avoir l’oeil partout. Donc il faut agir. Et même la Réserve Biologique du chêne Brûlé est très menacé. Si rien n’est fait, il continuera sa progression. Car même si on ne coupe pas du bois dans les RBI, la nature fait son oeuvre? Un hêtre qui tombe de vieillesse et c’est une éclaircie créée dans laquelle va s’engouffrer l’ailante. Le conseil scientifique des Réserves biologiques refuse pour l’instant tout intervention. Mais c’est une erreur majeure. Celle de dénaturer les réserves formées d’arbres indigènes. Et possédant des cavités pour le fichage d’oiseaux. D’autres invasives peuvent être contenus naturellement. Mais apparemment pas l’ailante. Les défenseurs des RBI et j’en suis, doivent se remettre en question. Comme l’ONF n’a pas ou peu traité ce problème depuis 50 ans, il devient maintenant urgent de sauver le soldat biodiversité Fontainebleau. A moins de ne vouloir qu’un massif médiocre, déjà très atteint par 50 ans d’exploitation outrancière (période 1970-2013). A noter que tous les déchets d’ailantes seront déposés en place de béton sèche, puis broyés. Bravo aux forestiers qui s’investissent
Pascal Villebeuf
Président de Sauvez la forêt de Fontainebleau
Vice-président de la fédération de l’Appel des Forêts d’Ile de France
Naturaliste
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