Sauvez la forêt de Fontainebleau
Quel moment symbolique, quelle émotion quand notre association, Sauvez la Forêt de Fontainebleau a rencontré ce samedi 18 octobre 2025 a pu rencontrer Lucienne Haèse, baptisée Lulu du Morvan, la passionaria des forêts, qui a fait paraître en 2024, un livre mémoire intitulée : « Mon combat pour des forêts vivantes ». Et pourquoi cette rencontre était-elle symbolique ? Parce qu’en 1998, Lucienne, encore inconnue, s’était associée à une manifestation des célèbres éco guerriers à Fontainebleau, dans le cadre des combats écologiques contre les coupe-rases. Ils avaient installé une sorte de radeau des cimes, dans un arbre géant, situé face au château de Fontainebleau. A l’époque, la cité impériale accueillait le 50ème anniversaire de l’Union International de Conservation de la Nature, en présence du président de la République Jacques Chirac et de Dominique Voynet ministre de l’écologie. Lucienne était là.
Et dans sa dédicace sur son livre qui m’est destiné, elle écrit : « Quel souvenir formidable de notre combat pour La Défense de la forêt de Fontainebleau. Tous ensemble, continuons la lutte pour préserver et restaurer de vieilles et belles forêts, mélangées et étagées ! » Lucienne Haèse, âgée de 86 ans a réussi avec le Groupement forestier de protection des Feuillus du Morvan, à protéger 470 hectares de belles futaies diversifiées. Et c’est un combat qui était écrit. « Dès mon enfance, j’étais destinée à me battre pour la forêt. Elle m’entourait (tout autour d’Autun, Saône et Loire, région Bourgogne-Franche Comté, dans le parc naturel régional du Morvan), elle m’a toujours passionnée. J’en ai passé des heures à admirer la nature, à me régaler de la biodiversité, formidables ressources d’une vie riche et heureuse. Très tôt j’ai senti qu’il fallait protéger ces trésors » confie t-elle.
Et de clamer sa révolte. «Ça va très mal pour la forêt. Certes elle subit le dérèglement climatique et les incendies, mais aussi plus que tout, la main de l’homme. Beaucoup de paroles, peu d’actions sur le terrain et toujours les mêmes discours. La législation forestière n’évolue pas. Et la politique actuelle considère le bois comme un produit de consommation, une rentabilité à court terme. Le code forestier en vigueur autorise l’exploitation industrielle dans la plus grande opacité. Que deviendront nos forêts dans les décennies à venir ? Ce que certaines sont déjà : des usines à bois, dans lesquelles les résineux remplacent les arbres traditionnels en appauvrissement les sols et en détruisant la biodiversité. Il faut une vraie volonté politique pour sauver les forêts, une révision du code forestier. Changer de mode de sylviculture, oublier l’exploitation intensive est urgent. »
Des affirmations plus que d’actualité alors que le parlement européen à Bruxelles voudrait encore assouplir la loi anti-déforestation, notamment en réduisant drastiquement les obligations pesant sur les petites entreprises.
Pascal Villebeuf
pdt de Sauvez la Forêt de Fontainebleau