Certains lecteurs du site sauvez la forêt de Fontainebleau ou de Facebook m'ont interpellé à propos des coupes de pins sylvestres, qui ont lieu pour retrouver certains paysages perdus du début du XXème siècle, aux gorges de Franchard. Il suffirait de lire ou de relire l'introduction de ce site créé voilà environ trois ans. En tant que président de l'association et membre du collectif de défense des forêts d'Ile de France, nous sommes contre les coupes actuelles effectuées par l'Office des Forêts, à Fontainebleau comme dans beaucoup de forêt d'Ile de France. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais je prépare un papier sur tous les problèmes en Ile de France, sur ces coupes excessives, les problèmes sanitaires qui obligent à couper la moitié d'une forêt comme celle de Montmorency, à cause d'une monoculture mise en place autrefois. Ce que l'on sait, ce que les scientifiques, les vrais, les botanistes, les éminentes nouvelles personnalités de la nouvelle écologie forestière et mes 40 années d'observations, de recueil de témoignages disent. Premièrement, une forêt doit être la plus naturelle possible. Donc moins de coupes possibles. Une gestion patrimoniale donc. Une forêt doit être composée de nombreuses essences d'arbres et pas seulement une ou deux. A Fontainebleau, je l'ai souvent répété, et je le répète : le pin sylvestre a tout envahi ou presque à Fontainebleau. Cela s'appelle l'enrésinement. Et cela n'est pas un cadeau pour la forêt. Pour faire simple, à partir du début du 19 ème et surtout entre 1830 et 1850, certains inspecteurs des eaux et forêts (ex nom de l'ONF avant 1966) dont Jean Charles de Larminat et le plus connu Achille Marrier de Bois d'Hyver veulent transformer Fontainebleau sur le même schéma que les Landes. Soi disant à la place de feuillus qui n'ont pas poussé. Effectivement le sol et sous sol de la forêt de Fontainebleau est pauvre. On va donc y planter très rapidement près de 6000 hectares en pins sylvestres. A l'époque, d'après les archives, c'est du pin de Riga. Et c'est pendant la même période que le premier combat écologique, la première ZAD (Zone à défendre) va se produire. Les peintres de Barbizon sont mécontents, voire furieux. On va leur couper leurs beaux chênes. Ceux qui sont leurs modèles pour leur peinture. Leur chef de file Théodore Rousseau et tous les autres partent alors à la chasse aux pins. Ils sont logés à l'auberge Ganne et le défi c'est de rapporter un petit pin pour manger du pain. EN 1861, APRÈS UNE INTERVENTION AUPRÈS DE NAPOLÉON III, les Bizons obtiennent la préservation de 550 hectares de vieilles futaies. C'est la première réserve artistique (l'ancêtre de nos réserves biologiques actuelles). C'est la première fois au monde, que se crée un tel espace de protection, bien avant la création du parc USA de Yellowstone en 1872. Mais le pin continuera à être planté et va coloniser de plus en plus de parcelles où règnent les feuillus (hêtres, charmes et chênes). Pour ne donner qu'un seul exemple, vers 1994, les écoguerriers, un groupe de jeunes passionnés que certains ont traité de fous, arrachent 6000 cèdres qui viennent d'être plantés par l'ONF, non loin de l'ex N152. Le combat écologique toujours. On ne parlera pas en détail des tentatives pour faire de Fontainebleau un parc national, jusqu'en 2009. Mais malgré tous ces combats, les coupes rases ont continué jusqu'en 2010, notamment par une coupe de chênes près de la maison forestière de Bois Le Roi. Des associations bloquèrent symboliquement la D138. C'était une erreur paraît-il. Depuis, ce sont des arbres exotiques (Prunus Serotina) qui ont envahi la dite parcelle. A présent et contrairement à toutes les informations officielles, la forêt est couverte à 60% par les résineux dont une majorité de pins sylvestres. Le reste subsiste en feuillus. Mais pour combien de temps. Comme quoi il faut donc relativiser et connaître l'histoire du massif avant de pousser des cris parce quelques centaines de m3 de pins sylvestres sont coupés à Franchard. Des petits pins viendront rapidement reconquérir les espaces. Et tout sera à recommencer dans vingt ans. Notre association, comme les vrais connaisseurs de la forêt ne protestent pas contre les pins installés dans les chaos rocheux. Pourquoi ? Parce que si à Larchant, Franchard, Apremont, 3 Pignons and co il n'y avait pas de pins, l'érosion serait partout, au vu de la surfréquentation de ces sites. Oui le pin sylvestre c'est joli l'hiver. Dans les chaos rocheux oui. Dans les secteurs les plus pauvres, pourquoi pas. Mais il aurait mieux fallu planter du pin maritime ou des épicéas, peu colonisateurs. Surtout et c'est observable quasiment partout. Après des coupes rases ou de grosses coupes d'éclaircies sur des parcelles de feuillus, c'est le pin qui vient s'installer. Colonisateur géant et puis il pousse très vite. Et peu à peu des pans entier de la forêt sont constitués en monoculture. Que va t'il se passer si une maladie vient les attaquer ? Comme les scolytes sur l'épicéa (à Samois sur Seine, une coupe rase dite sanitaire a été effectuée voilà quatre ans. Et si un grave incendie, avec de la sécheresse et du vent, s'installe comme dans les Landes (des milliers d'hectares ont été détruits). La sécheresse attaque les hêtres et les chênes après une sylviculture industrielle non adaptée. En 1904, oui en 1904, l'aménageur Duchaufour préconisait une futaie irrégulière. Fontainebleau ne peut accueillir une sylviculture en coupe rase disait il. Il n'a pas été entendu. Les années 70, 80, 90 et début 2000 ont été désastreuses pour les écosystèmes et le fragile équilibre des parcelles. Oui le sol de Fontainebleau est pauvre. Mais pas partout. La forêt de Fontainebleau est une mosaïque de sol et d'exposition. Par exemple près de Sorques, une superbe hêtraie persiste et n'est pas dépérissante. On a beaucoup glosé ces derniers mois sur le hêtre qui soi disant ne serait plus dans son aire géographique d'implantation et de développement harmonieux. Et pourtant une archive de 1968 de l'ONF annonçait déjà la disparition du hêtre. Oui dans la plaine du Rosoir, sûrement plus sèche que voilà cinquante ans, les hêtres meurent. Mais dans d'autres endroits il se porte très bien. Mais ce qu'on oublie de dire c'est qu'à force de coupes rases, de disparition des sous étages de la forêt permettant de garder la fraîcheur au sol, on a fait que la conduire vers un mouroir. Je ne rentre pas dans les détails. Mais l'argument comme quoi le réchauffement climatique est à l'origine de tous les maux, est un argument simpliste qui évite de parler des énormes erreurs du passé. On vous parle aussi rarement de la pollution à l'ozone, très présente à Fontainebleau, qui freine la croissance des arbres, voire plus. Et bien d'autres facteurs dont nous vous reparlerons, preuves à l'appui. Alors oui on a coupé des pins sylvestres à Franchard, pour essayer de retrouver certains paysages d'antan, comme cela a été fait à Bourron Marlotte (restant du Long Rocher, vue magnifique), à Barbizon, ou en plus important, au rocher de Milly, sûrement l'un des plus beaux paysages de plâtières du massif, avec le Larris qui Parle (secteur Arbonne) ou d'autres. Conclusion s'il fallait se battre contre les coupes. C'est celles qui éliminent les derniers chênes, hêtres ou même châtaigniers. Le discours officiel c'est on préserve plusieurs essences sur les parcelles. En réalité c'est faux ! Vous l'avez déjà lu sur d'autres médias. Mais seuls les arbres matures absorbent suffisamment de CO2. Eh bien justement c'est tout ceux que l'on coupe, au nom de la filière bois et d'un rajeunissement du massif. Il suffit d'observer la repousse dans les parcelles. Peu de repousse et à beaucoup d'endroits plus du tout. Ah oui on replante. Cet hiver on replante 63 000 plants. Et on espère que sur un carré de 15 plants, un survivra. Regardez l'automne et l'hiver 2022-2023!!!! Ou est la pluie. La forêt n'a jamais été aussi sèche. Si la danse de la pluie fonctionne. Je veux bien danser tous les jours. Et vous ? Et vous que faites vous pour défendre la forêt, votre forêt ? N'hésitez pas à nous contacter. A poser des questions. Sans agressivité. Je vois tous les jours des commentaires d'indignation sur les coupes. On m'appelle à Veneux, à Bourron, à DAMMARIE, pour venir voir. Mais je vois ça depuis quarante ans. Je suis le journaliste discret qui a sûrement le plus écris sur la situation du massif depuis le milieu des années 80. ET je n'ai jamais reçu un seul droit de réponse. On me disait toujours entre quatre yeux : vous avez raison mais.....Alors quand certaine personne au singulier nous annonce : "attention les paysages de la forêt de Fontainebleau vont changer"...Eh bien posez vous les bonnes questions. Certaines réponses sont juste au dessus et dans les papiers du blog. Ce papier n'est pas un papier technique, il est écrit spontanément avec l'analyse précise de ces dernières années. Il demanderait des précisions mais après le lecteur se lasse.
Pascal Villebeuf
Reporter
Président de l'association sauvez la forêt de Fontainebleau
membre du collectif de défense des forêts d'Ile de France
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